Je servirai la liberté en silence est le titre énigmatique
du nouveau roman de Patrick Amand édité par les éditions du Caïman. A nouveau
on ne peut que saluer leur travail qui nous prouve que la France ne se réduit
pas à Paris mais qu’il y a bien des talents dans toutes les régions de
l’hexagone. Avec Je servirai la liberté en silence nous partons en Dordogne sur
les traces d’un passé mouvementé.
La veille du Festival International du Mime de
Périgueux, son directeur artistique, Axel Blancard, est retrouvé sauvagement
assassiné dans un jardin du centre-ville. Le monde artistique est en émoi et la
police piétine dans son enquête. Il n’en fallait pas plus pour revigorer
Gregorio Valmy, détective privé déprimé, en vacances dans la capitale
périgourdine au moment des faits. Quelques discussions avec des érudits locaux
et quelques rencontres insolites suffisent à l’enquêteur pour comprendre que
cette affaire n’est pas banale. D’autant qu’Axel Blancard n’est autre que le
petit-fils d’une des figures locale de la Résistance et frère du candidat
socialiste à l’élection législative partielle locale : il n’en faut pas
d’avantage pour qu’un passé douloureux ressurgisse.
Ce roman dit régional ne s’adresse pas uniquement
au lecteur résidant la Dordogne mais à tous ceux qui ont soif de découvrir
d’autres régions par le biais de la littérature. De plus contrairement à ce que l’on pourrait
penser, il est gage de bonne qualité. La preuve en est avec Je servirai la
liberté en silence.
Au premier abord on pourrait penser que nous avons
affaire à un roman où l’humour occupe une grande place. Les personnages sont
atypiques et ont le franc parler du terroir agrémenté de jeux de mots : «
Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’Everest ». Le détective privé Valmy en
plus d’être résigné après une rupture amoureuse est du genre bon vivant tout
comme ses compagnons de route, quoi de mieux que de noyer son malheur dans une
bonne bouteille Pécharmant. L’auteur
crée finement des jeux de mots, entre autres des palindromes aussi amusants les
uns que les autres.
Pourtant on se rend compte que l’humour est utilisé
comme un grand verre d’eau pour faire passer la pilule car Je servirai la
liberté en silence est surtout un roman à l’intrigue, un meurtre, le vol de
plusieurs lingots d’or et d’argent, au fond particulièrement noir.
L’auteur nous retrace l’histoire mouvementée de la
Dordogne, de la seconde guerre mondiale à aujourd’hui. Dans le roman nous
croisons la route de la terrible BNA (Brigade Nord-Africaine), les Nazis ainsi
que les massacres commis au nom de la vengeance, des résistants et des communistes,
Maurice Thorez, Tamara Volkonskaïa.
Je servirai la liberté en silence est comme un
credo que chacun peut utiliser à toutes les sauces. La résistance sert la
liberté en silence, il en est de même pour la gestapo persuadée de servir une
forme de liberté qui lui est propre. Et qui dit silence dit mystérieuses
rencontres entre les communistes, dit services secrets.
Finalement le mot liberté est un terme vaste que
chacun s’approprie pour en donner sa propre définition – aussi belle, aussi
noire.
Je servirai la liberté en silence est un magnifique
roman, bourré d’humour et de noir, de magistrales cuites et de bonnes recettes.
Mais il est avant tout un roman du souvenir.
Bison d’or.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire