mardi 27 juin 2017

sur le site Nyctalopes



Je servirai la liberté en silence est le titre énigmatique du nouveau roman de Patrick Amand édité par les éditions du Caïman. A nouveau on ne peut que saluer leur travail qui nous prouve que la France ne se réduit pas à Paris mais qu’il y a bien des talents dans toutes les régions de l’hexagone. Avec Je servirai la liberté en silence nous partons en Dordogne sur les traces d’un passé mouvementé.

La veille du Festival International du Mime de Périgueux, son directeur artistique, Axel Blancard, est retrouvé sauvagement assassiné dans un jardin du centre-ville. Le monde artistique est en émoi et la police piétine dans son enquête. Il n’en fallait pas plus pour revigorer Gregorio Valmy, détective privé déprimé, en vacances dans la capitale périgourdine au moment des faits. Quelques discussions avec des érudits locaux et quelques rencontres insolites suffisent à l’enquêteur pour comprendre que cette affaire n’est pas banale. D’autant qu’Axel Blancard n’est autre que le petit-fils d’une des figures locale de la Résistance et frère du candidat socialiste à l’élection législative partielle locale : il n’en faut pas d’avantage pour qu’un passé douloureux ressurgisse.

Ce roman dit régional ne s’adresse pas uniquement au lecteur résidant la Dordogne mais à tous ceux qui ont soif de découvrir d’autres régions par le biais de la littérature.  De plus contrairement à ce que l’on pourrait penser, il est gage de bonne qualité. La preuve en est avec Je servirai la liberté en silence.
Au premier abord on pourrait penser que nous avons affaire à un roman où l’humour occupe une grande place. Les personnages sont atypiques et ont le franc parler du terroir agrémenté de jeux de mots : « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’Everest ». Le détective privé Valmy en plus d’être résigné après une rupture amoureuse est du genre bon vivant tout comme ses compagnons de route, quoi de mieux que de noyer son malheur dans une bonne bouteille Pécharmant.  L’auteur crée finement des jeux de mots, entre autres des palindromes aussi amusants les uns que les autres.
Pourtant on se rend compte que l’humour est utilisé comme un grand verre d’eau pour faire passer la pilule car Je servirai la liberté en silence est surtout un roman à l’intrigue, un meurtre, le vol de plusieurs lingots d’or et d’argent, au fond particulièrement noir.
L’auteur nous retrace l’histoire mouvementée de la Dordogne, de la seconde guerre mondiale à aujourd’hui. Dans le roman nous croisons la route de la terrible BNA (Brigade Nord-Africaine), les Nazis ainsi que les massacres commis au nom de la vengeance, des résistants et des communistes, Maurice Thorez, Tamara Volkonskaïa.

Je servirai la liberté en silence est comme un credo que chacun peut utiliser à toutes les sauces. La résistance sert la liberté en silence, il en est de même pour la gestapo persuadée de servir une forme de liberté qui lui est propre. Et qui dit silence dit mystérieuses rencontres entre les communistes, dit services secrets.
Finalement le mot liberté est un terme vaste que chacun s’approprie pour en donner sa propre définition – aussi belle, aussi noire.

Je servirai la liberté en silence est un magnifique roman, bourré d’humour et de noir, de magistrales cuites et de bonnes recettes. Mais il est avant tout un roman du souvenir.


Bison d’or.

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