mercredi 11 octobre 2017

Sur le site Black Novel


Je servirai la liberté en silence 
de Patrick AMAND

Pierre Faverolle

Parfois, quand je choisis des romans à lire, j’en laisse de coté sans aucune raison. Et puis, arrive alors le conseil d’un ami, en l’occurrence Richard le concierge masqué, qui insiste pour que je le lise. A tel point que ce cher monsieur amateur devant l’éternel de polar stylé l’a ajouté sur la présélection pour le Prix du Balai d’Or 2018. Ne ratez pas ce roman qui démontre une nouvelle fois la pertinence du choix des éditions du Caïman.
Alors qu’il vient de se faire larguer par sa petite amie après une année de vie commune, Grégorio Valmy, détective privé poitevin, décide d’accepter l’invitation de son ami Jean-Paul Sitruc à passer une semaine à Périgueux. D’autant plus que la ville va être en fait pour accueillir le Festival International du Mime. Logé chaleureusement par Gaëlle Sitruc, la femme de Jean-Paul, et les deux enfants bruyants Jacques et Rodolphe, il s’apprête à se changer les idées au calme.
Le lendemain, Valmy accompagne son ami journaliste au centre culturel de la visitation, pour un cocktail inaugural. A cette occasion, Valmy rencontre une superbe jeune femme, et lui fait un numéro de charme, avant d’apprendre qu’il s’agit du capitaine Saint-Martin, qui est arrivée à Périgueux un mois plus tôt. Puis Sitruc emmène son ami chez Laval Palindrome, un ami qui lui expliquera mieux que personne l’histoire de leur ville. Puis en fin de journée, ce fut le vernissage des photographies de Marc Sbolth à la terrasse du café du théâtre.
Le lendemain, Valmy eut droit à un réveil en fanfare. Les deux terreurs viennent lui apprendre la mort violente d’Axel Blancart, le conseiller artistique du Festival. Le corps a été trouvé dans le jardin du Thouin, et présente des traces de violence, des coups de couteau et des marques de strangulation. Valmy n’a pas du tout l’intention de s’en mêler, mais il finit par apprendre que Blancart est le frère du candidat socialiste aux prochaines élections, et qu’il était le petit fils d’un célèbre résistant local de la dernière guerre.
Si ce polar commence de façon tout à fait classique, il devient très rapidement attachant par la suite. Car Valmy va mettre une bonne centaine de pages à plonger dans cette enquête, plus intéressé dans un premier temps par l’histoire du Périgord, et en particulier le passé de ses habitants. Puis en divaguant sur ces interrogations et les noyaux de la résistance, Valmy va faire la connaissance de Palindrome, de Turlan et Wlad. Et comme ce sont de joyeux drilles, ils vont se lancer dans des répliques toutes plus droles les unes que les autres, jouer avec la langue française, cherchant des palindromes ou des anagrammes avec les noms de résistants, et nous donner des moments savoureux et hilarants à lire.
Et ce roman va aller au-delà du simple amusement en nous parlant des exactions avant, pendant et après la guerre, des groupes armés licites ou non, sanguinaires ou non, armés jusqu’aux dents. L’auteur va insérer dans son intrigue des chapitres écrits comme des biographies, dotés d’une véracité faisant penser des extraits de romans d’époque. Et là, on se rend compte de la qualité de la documentation.
Alors, vrai ou pas vrai ? Je répondrai comme les Normands : Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. L’auteur se permet de nous offrir un roman mélangeant les personnages véridiques au milieu d’autres inventés, créant une histoire qui veut montrer voire dénoncer comment sous le prétexte de combat anti-communiste, certains se sont permis toutes les exactions, pendant la dernière guerre mais aussi après.
On avait l’habitude de lire et apprécier des romans de ce type, qui appuient là où ça fait mal, qui font le travail de mémoire, juste pour rappeler à certains que cela a existé. C’est une partie de l’histoire périgourdine qui nous est dévoilée, et au-delà, l’histoire de la terrible BNA (Brigade Nord Africaine) qui a participé à des répressions sanglantes. On peut dire que cela faisait partie des dommages collatéraux de la guerre, mais que dire quand cela a continué bien après ?
Si le ton de ce roman se veut léger et déconneur au début, c’est pour mieux nous faire passer la pilule ensuite. Car les vérités d’un pays sont loin d’être roses, et la France comme beaucoup d’autres a bien des secrets à cacher. La seule différence, c’est qu’on a du mal à se regarder dans un miroir, à avoir le courage d’assumer notre passé. Ce roman comme quelques autres s’avère important à lire. L’auteur en tous cas se range fièrement aux cotés de Maurice Gouiran. Ne le ratez pas !

vendredi 29 septembre 2017

Vie Nouvelle

Vie Nouvelle, 
Magazine de l'Union des retraités CGT 
sept/oct. 2017